Mon Dieu, convaincu que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous et que ne peut jamais manquer de rien celui qui attend de vous toutes choses, j’ai résolu de vivre à l’avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de tout genre d’inquiétude. Les hommes peuvent me ravir et mes biens et mon honneur, les infirmités peuvent m’ôter les forces et les moyens de vous servir, je puis même perdre votre grâce par le péché ; jamais je ne perdrais mon espérance.
Que d’autres attendent leur bonheur de leur richesses ou de leurs talents ; qu’ils s’appuient ou sur l’innocence de leur vie, ou sur la rigueur de leurs pénitences, ou sur le nombre de leurs aumônes ou sur la ferveur de leurs prières, pour moi, Seigneur, toute ma confiance, c’est ma confiance même.
Je sais, hélas ! Je ne le sais que trop, combien je suis fragile et changeant ; je sais ce que peuvent les tentations contre les vertus les mieux affermies. J’ai vu tomber des saints, mais tout cela ne peut m’effrayer ; tant que j’espérerai, je me tiens à couvert de tous les malheurs et je suis assuré d’espérer toujours, parce que j’espère encore cette invariable espérance.
Saint Claude la Colombière